Résumé :
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On a beaucoup parlé du morceau qui donne son nom à ce nouvel album de David Gilmour. "Rattle That Lock" s’inspire en effet du fameux jingle de la SNCF qui a le don d’irriter les voyageurs en détresse les jours de grève, mais a fait tomber sous le charme de ses quatre notes un voyageur au flegme tout britannique, rien de moins que l’ex-guitariste de Pink Floyd. Si l’on excepte ce buzz millimétré en direction du public français, "Rattle That Lock" n’est pas dépourvu d’autres atouts autrement plus classieux. Il faut dire que David Gilmour s’est donné le temps de composer ce disque, laissant s’écouler presque une décennie depuis son précédent effort solo. On sent d’ailleurs que le voyage, s’il a été long, ne fut pas de tout repos puisque l’artiste balance entre différents univers et de multiples humeurs, preuve que l’écriture ne se fit pas en un jour. On oscille ainsi entre rock, psychédélisme affirmé, et même un jazz inattendu, comme en témoigne "The Girl in the Yellow Dress", un morceau datant initialement de 2004, et qui a subi un patient travail de composition jusqu’à son enregistrement final à Abbey Road. Le guitariste ne s’interdit rien, surtout pas d’inviter Phil Manzanera, Jools Holland, Robert Wyatt, David Crosby ou Graham Nash entre autres, et encore moins de dédier un morceau à la mémoire de son ami Rick Wright, claviériste du Floyd disparu en 2008 des suites d’un cancer. David Gilmour sait y faire pour trouver la petite étincelle sonore qui sublime chacun de ses morceaux. Ainsi, "A Boat Lies Waiting" doit tout son charme au piano enivrant de la seconde partie de la chanson... qui est pourtant issu d’un vieil enregistrement sur mini-disc, placé tel quel dans le morceau puisque personne ne parvint à recréer l’émotion si particulière que recherchait le guitariste. Malgré la réussite certaine de ce nouveau LP, David Gilmour ne le hisse toutefois pas au niveau de son prédécesseur, "On an Island", publié en 2006. Si les deux disques s’ouvrent sur un instrumental, le très bon "5 AM" pour le premier, et "Castellorizon" pour le second, ils empruntent des voies totalement différentes par la suite, "Rattle That Lock" étant au final moins aventureux. À l’image du riff prometteur de "Beauty", par exemple, un certain sentiment d’inachevé domine sur certains morceaux. Mais de très bons moments subsistent, comme le très "floydien" "In Any Tongue", non sans rappeler "Comfortably Numb", ou même "Marooned" sur "The Division Bell", et surtout le terriblement funky "Today", au solo jubilatoire.
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